Page 104 - Au pays bleu
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s'empresse d'exécuter ces ordres, attentif à marcher sur la pointe
des pieds.
Parfois même, l\fademoi elle dit :
« Jacque , occupe-toi un peu des tout petits qui s'agitent. »
Alors, Jacques s'assied panni eux, leur distribue des bandes
coloriées, des graines ou des images, et s'efforce de les distraire,
comme le ierait pe l\finaud elle-même.
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Yraiment, Jacque remplit à la pcrfection son rôle d'homme
de confiance. Et il en est tout changé.
Lui qui se tenait souvent le front baissé, comme s'il avait
eu honte de ses vêtements rapiécés, lui qui, en classe et même
au jeu, semblait aYoir de la peine à parler et à sourire, _le voilà
devenu vif et gai. Et si vous saviez aussi combien ses progrès
sont plu rapide en lecture et en calcul!
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l\1 e l\Iinaud e t très contente de lui. Elle répète souvent :
« Comment ferai -je sans mon petit Jacques? Comment
ferai -je, s'il ne m'aidait pas? »
Iaintenant, presque chaque jour, à l'heure du repas,
Jacque ajoute à son pain quelque bonne chose : tantôt une
pomme, tantôt des amandes, tantôt un morceau de tarte. Et
savez-vou qui le gâte ain. i? C'est lademoi elle. Elle dit :
« Prend , mon Jacque. , je te dois bien cela. Est-ce que les
patrons ne paient pas leurs ouvriers? Prends ... Et je t'assure
que je devrais même te donner davantage. »
Et c'est encore pour le payer de sa peine que, ce soir,
Mademoiselle vient d'offrir à Jacques un joli tablier à carreaux
bleus et blancs, qu'elle a confectionné elle-même. Elle le lui a
e sayé devant nous, avant la sortie.
Alors, brillants de joie, les yeux de Jacques semblaient nous
dire :
« Voyez-vous, Je suis un petit garçon comme vous
autres·, à présent! »
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