Page 28 - 09 Le mystere d'Etrangeval
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                                              I  le  propriétaire. des  ruines  de  l 'Abbaye  d 'Étrangeval  avait  été  collectionneur
                                                d'automates, il aurait pu réaliser la pittoresque et bruyante réunion que repré-
                                                sente  la  page  précédente.


                                           Ces personnages, quelques-uns étant grandeur nature, sont de merveilleux  jouets
                                       animés  par  d'ingénieux  mécanismes.


                                           En  1954  ils  étaient  réunis  à  Paris  au  Conservatoire  National  des  Arts  et  Métiers.
                                       Si  Héloïse  et Marisette  avaient pu pénétrer de nuit  dans les  salles  du Musée,  elles  se
                                       seraient  crues  à  Étrangeval ! Imaginons  la  scène ...


                                           Dès la porte,  dans le faisceau  de la lampe,  deux musiciens militaires  se  dressent,
                                       l'un  battant du  tambour  et l'autre  sonnant  du  clairon.  Réveillée  par les  airs  militaires
                                       une petite joueuse de mandoline se met à marcher en grattant l~s cordes de son instru-
                                       ment.  C'est pourtant une  dame très  âgée qui fit  ses premiers pas au xvme  siècle I Un
                                      joueur de  banjo,  au nez  proéminent,  l'accompagne, tandis que  derrière  eux  une  gra-
                                       cieuse jeune femme frappe un tympanon pour en tirer les jolis airs de Glück qu'elle fit
                                       entendre,  il  y  a  bien  longtemps,  à  la  reine  Marie-Antoinette.


                                           Délaissant  un  joyeux  clown  joueur  de  yoyo  et  un  acrobate  en  équilibre  sur  ses
                                       bras, Marisette  est très intriguée par un garçonnet capable de tremper sa plume dans
                                       l'encrier et d'écrire son  nom et celui de Fripounet I Ce  chef-d'oeuvre  du  genre a  été
                                       réalisé  vers  1772  par  un  artisan, Pierre Jacquet-Droz,  qui  fit  en même  temps  l'extra-
                                       ordinaire  musicienne  assise  devant  le  clavier  de  son  petit  orgue.


                                           Les doigts parfaitement articulés, actionnent réellement les touches de l'instrument,
                                       la poitrine est animée d'un mouvement de respiration et à la fin  de chaque morceau, la
                                       musicienne  exécute  une  gracieuse  révérence.


                                           Marisette est si émerveillée, qu'elle ne voit pas le célèbre renard électronique du
                                       Français Albert Ducrocq s'approcher d'elle, guidé par son nez flaireur,  tandis  que  les
                                       « tortues »  de  l 'Anglais  Walter  Grey  attirées  par  la  lumière  de  la  lampe  se dirigent
                                       vers Héloïse.


                                           Mais  renard électronique et « tortues » sont de la même famille  que les  robots du
                                       savant  Otto  Cratte ;  continuons  donc  la lecture  du «  Mystère  d 'Étrangeval ».










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