Page 12 - Abbé Marin DUCRET
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               allait apprendre?  De  si  étranges  rumeurs,  ve-
               nues  du  bourg,  avaient circulé dans  la  petite
               localité,  cette  dernière  quinzaine.  JA~  subite
               inva$Îon  de  la  Savoie par l'armée  française.  le
               22  septembre,  avait  ëveillé  en  ces  à.mes  de
               paysans la ,·ague appréhension d'un orage.
                 Ce fut de la stupeur. lorsque-, au  lieu du prêtre.
               on vit a tnP-tt"rs  le  ~anctuaire  un  simple citoyen
               s'avancer et pren,lre la parole.
                  La  tradition  et  les  documents  conscrvc's  ne
               disent  point  le  nom  de  celui  qui  parla.  Mais
               l'hi~toire nous a gardé le souvenir de sa dêcon•
               ,·enue  (t).
                 Comme  dans  toutes  les  paroisses  de  l'ancien
               duché  de Savoie, où la  même réunion se tint à
               cette  date  d'une  manière  presque  uniforme,  il
               propos,\ aux habitants l'incorporation du p,,ys  is
               la France et l'élection  d'un député à l'Assemblée
               des  Allobroges,  qui  allait  s'ouvrir  incessam-
               ment  (z ).
                 L•orateur  fit,  selon  le  mode  nouveau. sonner
               les  grandes  phrases :  «  .te  peuple est libre et
               souverain,  <lit-il.  Vou!>  avez  1t:  droit  de  \'OUS
               choisir un  g-ouvernement;  ce  ne peut être celui
               du tyran  sarde.  Voton~ notre union â la Franct",
               à la républi'{ue  une et  indivisible.  ,,
                 F.t  ces  phrases  tombaient  dans  cette atmos-
               phère religieuse de la petite église de campagne,

                {1)  J.,WAtcCnv:  /)Ïflliff  ;/t G111i~1,  t~~J,u:t ln  R/~•(IÙt/iQ>t  fr,m•
               r:iltt,  I.  p.  o.
                ((1  l::lle  fouv,ic \~  :H octobr<t  i  Ch,mbfl'Y·
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