Page 284 - La Lecture Expressive
P. 284
276
Lecture 1 137. Grandgousier et la ~aix (suite]
III
1. Et, le lendemain matin, Ulrich Gallet, homme avisé et dis-
1
cret , partit trouver Picrochole.
2
Mais celui-ci ne voulut pas l'écouter
« II ne m'a rien dit, rapporta le bonhomme Gallet, sinon avec
colère quelques mots de fouaces. Je ne sais si l'on n'aurait pas insulté
ses fouaciers. »
Alors Grandgousier se fit instruire sur l'affaire des fouaces, et
apprit que, malgré les insultes et les coups, les fouaces avaient été
payées.
, Malgré cela, dit Grandgousier, puisqu'il ne s'agit que de fouaces,
j'essaierai de contenter Picrochole, car il me déplaît par trop d'entrer
en guerre.»
Et, apprenant qu'on avait pris quatre ou cinq douzaines de
fouaces, il commanda qu'on en fit cinq charretées, et qu'on donnât
une ferme à un fouacier nommé Marquet qui avait été blessé, toute-
fois après avoir le premier frappé les bergers de son fouet.
2. Le bonhomme Gallet et tous les charretiers, un roseau à la
main en signe de paix, se rendirent vers Picrochole, à la Roche-
Clermaud.
Celui-ci ne voulut envoyer que son capitaine Touquedillon.
« Seigneur, lui dit Gallet, pour achever ce débat, et pour ôter toute
excuse à ne pas revenir à notre ancienne alliance, nous vous rendons
les fouaces qui causèrent la dispute. Nos gens en ont pris cinq
douzaines et les ont bien payées. Nous aimons tant la paix que nous
en rendons cinq charretées. Quant à Marquet, je lui cède la métairie
de la Pomardière à perpétuité pour lui et les siens.
3
u Pour Dieu, vivons dorénavant en paix. Retirez-vous sur vos terres
et soyons amis comme auparavant. »
3. Touquedillon raconta le tout à Picrochole : 1c Parbleu, dit-il,
ces rustres meurent de peur. Grandgousier tremble, le pauvre
4
homme • ce n'est pas son art d'aller à la guerre. Je suis d'avis que

