Page 149 - Histoire de France essentielle
P. 149

I il             Histoire-Texte.
          AU XVIII'' SIÈCLE.
          ne frappait pas «lu même châtiment le noble et le roturier cou­
          pables tlu même délit.’ Le premier restait d’ailleurs impuni
          s’il était puissant : il pouvait toujours être jugé par des tribfi­
          naux exceptionnels. Pour les autres, les supplices étaient
          atroces et dignes des plus barbares sociétés (la marque au
          fer rouge, récarlèlemeiil . la torture par les brodequins
          (//g'. 127), etc.).
            Sans aucune raison, une personne pouvait être jetée en
          prison et y rester indéfiniment. Un ordre d'arrestation signé
          du roi. une lettre de cachet, avec le nom en blanc, dispensait
          de tout jugement. Ces lettres donnèrent lieu à un trafic odieux.
          A certain moment, il en coûta 120 francs pour faire arrêter les
          gens. Une personne vous déplaisait, un créancier vous récla­
          mait son dû, pour 120 francs vous leur'ouvriez le cachot d’une
          bastille et vous étiez en repos.
            5.  L’armée. Dans l’armée, les grades, réservés aux
          nobles, leur étaient vendus ou donnés. Pour être officier, il
          suffisait d’être titré et riche, ou bon courtisan. Le recrutement
          des soldats se faisait par le racolement et par le tirage au
          sort. Les racoleurs attiraient au cabaret « les vagabonds ou
          les imprudents » et leur arrachaient un engagement après les
          avoir enivrés. Une fois enrôlés, ces malheureux désertaient
          en grand nombre : 011 comptait environ 4doo désertions par
          an. Du tirage au sort— sans parler des nobles, naturellement
          en dehors — on exemptait « les clercs, les bourgeois, les gros
          marchands, les employés de bureau, les commis et .laquais
          privilégiés ». Tu payes pour tous, Jacques Bonhomme ; cela
          ne suffit pas : tu partiras à la place de tous. Et la vie au ré­
          giment était misérable, et les châtiments corporels les plus
          rigoureux s’abattaient sur le pauvre soldat paysan !
            6.  La presse. — De nos jours, les livres, les journaux
          dénoncent les abus, critiquent librement les actes du pouvoir.
          A cette époque, on pendait les imprimeurs et les auteurs
          d’écrits hostiles à la religion ou au gouvernement. La liberté
          de la presse n'existait pas.

            7.  Liberté de conscience. — La liberté de conscience
          n’était pas davantage respectée'. A son sacre, Louis XVI ré­
   144   145   146   147   148   149   150   151   152   153   154