Page 5 - Coeurs Vaillants Num 13

Ici, l'à peu prèsn'existe pas.On vise à la perfection depuis des Depuis 1660, année de leur fondation, ils ont participé à pres­
siècles et on y parvient. Les planchers des casernes brillent que toutes les guerres que fit l'empire britannique. Ils furent
comme du verre; les boutons des tenues resplendissent; les à Waterloo en 1815, à Dunkerque en 1939, en Afrique en 1942.
bottes ont toujours l'air de sortir d'un carton. Toutes les Partout, leur discipline de fer et leur héroïsme furent remar­
armées du monde connaissent une revue hebdomadaire au quables.
cours de laquelle on vérifie la tenue et la propreté des jeunes Ils ont ainsi prouvé maintes fois que le courage pouvait très
soldats. Ici les revues sont journalières ! bien aller de pair, même dans les moments les plus tragiques,
Mais l’aspect extérieur n’est pas tout, il faut que le caractère avec la propreté la plus méticuleuse. C'est d'ailleurs une de
du jeune soldat de la Garde soit à l’image de son uniforme. Sa leurs devises : « Les gardes meurent les bottes propres. »
sérénité doit être à tout épreuve, sa politesse parfaite, sa Cette devise, ils l'appliquèrent bien souvent. En 1940, par
démarche mécanique. exemple, ils combattirent en arrière-garde pendant trois jours
Lorsqu'elle apprend la fameuse marche de parade, la recrue pour permettre la retraite de l'armée anglaise. Après quoi seu­
voit chacun de ses pas mesuré à un pouce près pour qu’ils lement, ils se réembarquèrent sous un bombardement intense,
soient tous égaux ! toujours aussi calmes, les bottes cirées et les boutons astiqués.
Tous ces exercices et le service lui-même sont épuisants. En 1943, en Italie, se passa une anecdote qui en dit long sur leur
Mais malheur aux faibles ! Ainsi, il arrive quelquefois que le moral de fer. Une compagnie subissait un bombardement
Garde, en faction ou lors d'une parade, tombe évanoui. Quel­ intense et avait déjà de nombreux morts et bles’sés. On vit alors
ques heures d’exercices supplémentaires lui apprendront à ne un sergent aller d'abri en abri au mépris du danger pour
pas recommencer... exhorter ses hommes « à ne pas oublier qu'ils étaient de la
garde et à remettre leur casque droit ! ».
UN MORAL DE FER Et c'est ainsi que de la parade à la guerre les Gardes main­
tiennent une des traditions les plus solides des Iles Britanni­
Il ne faut pas croire que les Gardes sont des soldats d’opé­ ques.
rette malgré leur brillant uniforme et leurs fréquentes parades. H. S.