Page 34 - Coeurs Vaillants Num 06
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YVES : 13 ans. MARIE-CHRISTINE : 12 ans.
FILLES
Nous recevons souvent des lettres de garçons émettant des jugements défi
nitifs sur les filles. D’autres nous demandent d’organiser un grand débat
entre garçons et filles.
Il est vrai que les garçons et les filles se rencontrent de plus en plus.
Ils se rencontrent dans certains collèges ou lycées mixtes.
Ils se rencontrent dans les clubs sportifs, sur les stades, dans les piscines.
Ils se rencontrent dans les transports, dans les grands immeubles, au ci
néma, etc...
Donc, bien que différents, garçons et filles travaillent et se distraient ensemble.
Nous avons donc pensé leur donner la parole afin qu’ils puissent dire en toute
MARIE-CÉCILE : 12 ans.
franchise ce qu’ils pensent les uns des autres.
YVES. — Je vais vous parler franche soutienne les filles, mais je suis d'accord
ment. Dans l'ensemble, les filles sont avec ce que vient de dire Marie-Cécile
assez sympathiques... J'ajoute rapide (bruits divers de la part des garçons).
ment qu'elles sont aussi un peu « bêtes », Il faut tout de même être honnêtes, mais
.et les copains sont d'accord avec moi. alors il serait bon que les filles soient
Je reconnais que je chahute souvent les aussi un peu plus objectives ! A les
filles, seul ou avec les camarades. C'est entendre, nous ne servons jamais à
le chahut classique : on se poursuit, on rien, sauf quand il y a un clou à planter
essaye de crier plus fort les uns que les ou quelque travail de force à faire !
autres, on se prend les porte-docu
ments... Nous, les garçons, au bout ANNE-MARIE. — ... On pourrait dire
d'un moment, on voudrait s'arrêter. pareil quand il faut faire la cuisine (tous
Hélas ! les filles continuent. A les voir les garçons déclarent savoir se débrouil
faire, ,on pourrait croire que ça leur fait ler pour cuisiner; nous n’avons pas
plaisir d'être chahutées. vérifié).
J’aimerais que l'on puisse jouer avec
Il ne faut pas croire qu'il est impos
les garçons mais on n’y arrive jamais,
sible de s’entendre. Le tout est de bien à cause même de leurs jeux, qu’ils
se connaître, de devenir amis. Après,
tout doit bien aller ! veulent imposer. Ce sont des jeux bru
PATRICK : 12 ans 1/2. taux qui entraînent toujours des bous
MARIE-CÉCILE. — Non ! je ne laisse culades, des coups de poing, etc.
pas Yves nous démolir davantage... Les Alors, avec des jeux comme ça, nous,
garçons je les connais bien, car j’ai passé les filles, on ne marche pas. Si les gar
toute l'année dernière dans une classe çons étaient plus galants, on passerait
mixte. Pendant les cours, on a essuyé ensemble de grandes heures à jouer.
de s’entendre et nous y sommes parfois PATRICK. — Non, Anne-Marie, tu
arrivés. En classe de dessin, par exemple, exagères un peu en disant que nous ne
nous pouvions bavarder, c’était très
bien. Nous nous passions les gommes, sommes pas galants. Ce qu’il y a, à
les pinceaux... Mais, dès la sortie des mon avis, c'est que les filles veulent que
cours, les gars se mettaient à chahuter. l'on soit tout à leur attention. Seule
ment, elles n’emploient pas la bonne
Moi, je n'admets pas ça et j'avoue avoir
souvent employé des « arguments tactique. Elles nous traitent de gamins ;
frappants ». alors c’est encore la bagarre qui éclate.
Ce que je crois, c'est que les garçons Je suis dans une classe mixte et je peux
vous assurer que nous nous entendons
veulent trop faire les malins. Si ce n'était très bien : on collabore pour le travail
pas cela, on pourrait très bien s’en
tendre ! De temps en temps, ils rendent de classe, on joue ensemble dans la cour,
des services et je trouve que c'est bien. on est vraiment copains.
Je trouve que les filles ont un naturel
J'aimerais quand même savoir pour
quoi les gars nous chahutent seulement qui les porte à se plaindre et à pleurni
MARTINE : 13 ans. quand ils sont à plusieurs?... cher. L'autre jour, en sortant de classe,
une fille m'a dit : « Dis, Patrick, tu ne
ANTOINE. — Ce n'est pas que je veux pas boutonner mon manteau?»
Photo DEBAUSSART.

